Le rang de naissance a-t-il un impact sur la personnalité ?
L’équipe du magazine Curium s’est penchée sur la question pour savoir ce qu’en dit la science.
Dans les années 1920, le psychiatre Alfred Adler, un fervent disciple de Freud, avance que le rang de naissance affecte la personnalité et les rôles de chacun. Être le premier, le dernier ou l’enfant du milieu, ce n’est pas la même histoire. Presque cent ans plus tard, qu’en pensent les scientifiques ? « L’ordre joue effectivement un rôle, confirme le Dr Jean-François Bureau, chercheur en développement de l’enfance et professeur à l’Université d’Ottawa. Par contre, son influence varie beaucoup d’une famille à l’autre. »
Le facteur le plus décisif : la jalousie. Après tout, les enfants sont en compétition pour l’attention des parents, une ressource limitée. Cette lutte pousse l’enfant à se démarquer de ses frères et sœurs en trouvant un comportement unique qui plaît aux parents.
C’est pas juste !
Comme le rang de naissance est unique à chaque enfant d’une même famille, il représente un atout important pour se distinguer. L’aîné subit les attentes très élevées des parents. Cette pression de la performance va lui coller à la peau et engendrer un grand sentiment de responsabilité.
Tout bascule à l’arrivée du deuxième. L’aîné exagère son rôle de modèle pour assurer sa place, alors que le nouveau venu peine à trouver la sienne. Il a souvent l’impression de vivre dans l’ombre de son aîné et éprouve parfois un sentiment de manque par rapport à lui. Après tout, il a eu les parents pour lui tout seul pendant quelques années !
Son avantage ? Les parents ont compris que l’enfant idéal n’existe pas. Ils ont donc moins d’attentes irréalistes envers lui, ce qui lui permet de s’affirmer davantage sans craindre le rejet.
Et le troisième dans tout ça ?
Les parents sont beaucoup plus tolérants… et affectueux. C’est souvent le petit dorloté de la famille ! Il n’est pas étonnant d’entendre l’aîné rouspéter parce qu’il a dû se battre pour obtenir des faveurs, alors que tout est permis au petit dernier. Il a tout cuit dans le bec !
Traité comme un roi, le benjamin a parfois du mal à quitter le nid. D’une part, c’est une stratégie inconsciente pour rattraper les années où les plus vieux étaient seuls avec les parents. D’une autre, c’est une preuve de loyauté envers eux.
Le bon côté dans toute cette chamaille ? Avec le temps, la fratrie devient le lien familial le plus solide et le plus stable. « Peu à peu, la rivalité fait place à la complicité, affirme Nicole Prieur, psychothérapeute. C’est le cocon dans lequel les enfants se retrouvent et se tiennent les coudes. »
L’aîné. Il en a marre d’être le parfait modèle ! Il a besoin de mettre ses responsabilités de côté de temps à autre et de lâcher son fou.
Le cadet. Il est inquiet. Et pour cause : l’aîné est si parfait ! Il a besoin d’être réconforté dans ses démarches… même si elles ne sont pas toujours celles qu’on aurait souhaité.
Le benjamin. C’est bien pratique d’avoir des frères et sœurs plus vieux, mais ça ne remplace pas les parents ! Il a besoin de passer du temps de qualité avec eux. Après tout, il est celui qui en a le moins profité avec les années…
Et l’enfant unique ?
Bien que les parents veillent généralement à construire un cercle bien étoffé de copains et de cousins, les enfants uniques ne vivent pas les mêmes enjeux de rivalité. Ils sont habituellement beaucoup plus confiants dans leur identité, et ce, à un plus jeune âge. Par contre, jusqu’à l’âge de dix ans environ, les enfants uniques sont parfois envieux de la fratrie des autres enfants. Ils peuvent même ressentir de la colère envers leurs parents. Un discours qui change en vieillissant, alors qu’ils apprécient leur intimité.
L’aîné, plus performant ?
Le premier de la famille aurait généralement de meilleures notes que ses successeurs. L’explication ? Il veut plaire aux parents. Exigences plus élevées = bulletin impeccable !
Merci à Nicole Prieur, psychothérapeute spécialiste de la famille et auteure ainsi qu’au Dr Jean-François Bureau, chercheur en développement de l’enfance et professeur à l’Université d’Ottawa.
Cet article est tiré du magazine Curium, janvier 2018.
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